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recueillis sur sa personne. Toutes ces paperasses accumulées composaient l’humus sur lequel devait éclore la végétation.

Le suffrage universel ayant du bon, même en littérature, Sainte-Beuve attendait quelquefois que tous les périodiques, revues et journaux, eussent traité le sujet, afin de résumer la discussion et de rendre l’arrêt. Cependant il préférait tirer le premier, donner le coup de cloche et attacher le grelot.

Après avoir vécu huit ou quinze jours dans l’intimité de son auteur, entrant dans son caractère, dans ses mœurs, dans ses passions, dans ses préjugés ; après avoir consulté sur lui tout ce qui pouvait renseigner, hommes et choses, il défendait sa porte et se mettait à l’œuvre.

En une journée et tout d’une haleine, au risque de se fouler le pouce ou le poignet, il couchait l’article sur de petits feuillets, de son écriture menue et cursive, à peine tracée, et qu’il était ensuite assez difficile de transcrire.

Puis il se relisait pour donner le dernier poli, effaçait l’apprêt, l’air de rhétorique inhérent à l’improvisation, et tâchait de rendre sa