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veut vivre pour plaire doit plaire pour vivre. Force fut donc à son esprit de produire et de se plier au travail.

D’un autre côté, les conditions du goût se sont fort modifiées. Pour être digne de présenter aux autres les fruits de la littérature, il ne suffit plus de les sentir soi-même avec âme, il faut encore en avoir fait une patiente étude et s’être entouré de plus de notions possible, afin de saisir et de dérober le secret du génie :

« Où est-il le temps où on lisait anciens et modernes couché sur un lit de repos, comme Horace pendant la canicule, ou étendu sur un sofa, comme Gray, en se disant qu’on avait mieux que les joies du Paradis ou de l’Olympe ? le temps où, comme le Liseur de Meissonnier, dans sa chambre solitaire, une après-midi de dimanche, près de la fenêtre ouverte qu’encadre le chèvrefeuille, on lisait un livre unique et chéri ? Heureux âge, où est-il ?

Rien n’y ressemble moins que d’être toujours sur les épines comme aujourd’hui en lisant, de prendre garde à chaque pas, de se questionner sans cesse, de se demander si c’est