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fin que d’introduire plus adroitement l’ennemi dans la place, de planter, suivant son expression, le clou d’or de l’amitié. Il n’en est pas moins vrai qu’il avait de quoi plaire et qu’il est souverainement injuste d’attribuer, ainsi qu’on l’a fait, la sévérité de quelques-uns de ses jugements à un dépit amoureux.

Dans une lettre à Mlle Ernestine Drouet, je puise les meilleures raisons de son impartialité ; c’était un don de nature qu’aucun dépit, amoureux ou autre, n’était capable de troubler : « Plus je vais, plus je deviens indifférent : seulement, les jugements se forment en moi, et, une fois établis, après deux ou trois secousses ou épreuves, ils sont affermis et ne délogent plus. Je crois, d’ailleurs, n’avoir aucune animosité. Remarquez que je n’ai pas assez de temps pour cela ; les animosités elles-mêmes demandent à être cultivées. Obligé si souvent de déplacer mon esprit et mon intérêt, de l’attacher et de l’enfoncer en des écrits et des auteurs si différents, y cherchant chaque fois le plus de vérité possible, je me blase aussi vite sur les irritations et les piqûres, et, au bout de quelque