Page:Pons - Sainte-Beuve et ses inconnues, 1879.djvu/225

Cette page n’a pas encore été corrigée

et aux évêques, à Montalembert, à Falloux, à Veuillot, à Dupanloup, pour supprimer le suffrage universel, livrer l’enseignement aux jésuites et jeter leur pays dans le pétrin clérical, d’où il a aujourd’hui tant de peine à se tirer. Sainte-Beuve, honteux pour ses anciens amis, saisit l’occasion que lui offrait le Constitutionnel[1] de mener contre eux une vigoureuse campagne, qui se termina par l’article des Regrets, sur lequel on a tant divagué. Il semble vraiment que le journaliste s’y soit montré ingrat et traître envers les libéraux, comme s’il fallait prendre au sérieux un libéralisme dont ils ne firent étalage qu’après avoir perdu le pouvoir.

Son adhésion à la présidence du prince Louis Bonaparte fut sincère et dégagée d’arrière-

  1. Il reconnaît le profit que son talent retira de cet emploi nouveau : « J’avais une manière ; je m’étais fait à écrire dans un certain tour, à caresser et à raffiner ma pensée ; je m’y complaisais. La nécessité, cette grande muse, m’a forcé brusquement d’en changer : cette nécessité qui, dans les grands moments, fait que le muet parle et que le bègue articule, m’a forcé, en un instant, d’en venir à une expression nette, claire, rapide, de parler à tout le monde et la langue de tout le monde : je l’en remercie. » L’homme de bon sens va se retrancher net toute prétention au laurier de poëte pour s’en tenir à sa seule et véritable vocation.