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amoureuse ; fidèle à son attachement pour Mme d’Arbouville, qui vivait encore, il s’y refit une virginité, comme nous l’apprend un de ses sonnets :

     Non, je n’ai point perdu mon année en ces lieux :
     Dans ce paisible exil mon âme s’est calmée ;
     Une absente chérie et toujours plus aimée
     A seule, en les fixant, épuré tous mes feux.

     Et tandis que des pleurs mouillaient mes tristes yeux,
     J’avais sous ma fenêtre, en avril embaumée,
     Des pruniers blanchissant la plaine clairsemée ;
     Sans feuille, et rien que fleurs, un verger gracieux !

     J’avais vu bien des fois mai brillant de verdure,
     Mais avril m’avait fui dans sa tendre peinture.
     Non, ce temps de l’exil, je ne l’ai point perdu !

     Car ici j’ai vécu fidèle dans l’absence,
     Amour ! et sans manquer au chagrin qui t’est dû,
     J’ai vu la fleur d’avril et rappris l’innocence.

À son retour, la France présentait un spectacle bien triste ; la réaction contre la République, dirigée par les partis déchus, y triomphait de partout. De vieux libéraux, tels qu’Odilon Barrot, des voltairiens comme Cousin, Thiers, Saint-Marc, y donnaient la main aux légitimistes