Page:Pons - Sainte-Beuve et ses inconnues, 1879.djvu/213

Cette page n’a pas encore été corrigée

croit à l’amour et à sa durée. « Non, s’écrie-t-il, il n’est pas vrai que l’amour n’ait qu’un temps plus ou moins limité à régner dans les cœurs ; qu’après une saison d’éclat et d’ivresse, son déclin soit inévitable ; que cinq années, comme on l’a dit, soient le terme le plus long assigné par la nature à la passion que rien n’entrave et qui meurt ensuite d’elle-même. »

En conséquence, il nous représente les deux amants s’avançant toujours, plus unis dans les années qu’on peut appeler crépusculaires, et où un voile doit couvrir toutes choses en cette vie, même les sentiments devenus chaque jour plus profonds et plus sacrés.

En réalité, les choses se passèrent un peu autrement. Mme d’Arbouville, à la fin de ses jours, était revenue aux pratiques de dévotion et avait confié la direction de sa conscience au père de Ravignan. Elle alla s’éteindre à Lyon le 22 mars 1850, refusant, dit-on, de recevoir l’ami qui, malgré leur rupture, était accouru à la nouvelle du danger pour la revoir une dernière fois, à l’instant de la séparation et de l’adieu suprême, et qui priait qu’on lui permît du