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dans l’amour vrai, demeurèrent absentes chez elle. L’âme seule lui suffisait ou du moins lui semblait suffire ; mais quand l’ami lui témoigna sa souffrance, elle ne résista pas ; elle donna tout à son désir, non parce qu’elle le partageait, mais parce qu’elle voulait ce qu’elle aimait pleinement heureux. Puis, quand les gênes de leur vie redoublaient, ce qui avait lieu en certains mois d’hiver plus observés du monde, elle ne souffrait pas et ne se plaignait pas de ces gênes, pourvu qu’elle le vît. » Cette douceur et cette discrétion dans la tendresse, ce bonheur tranquille que le monde soupçonnait à peine et ne troublait point, convenaient parfaitement à l’homme déjà mûr qui se rappelait, non sans effroi, les bourrasques de sa passion pour Mme X…, et qui de sa vie n’avait pu prendre sur lui de passer la nuit entière à côté d’une femme. Il aimait, en effet, à procéder avec elles par entrevues rapides, afin de laisser à l’ardeur toute sa vivacité.

On dirait que le sceptique a été désarmé cette fois par le charme qu’embellissait une bonne grâce perpétuelle ; il redevient jeune, il