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devant lui, avec la candeur de la jeunesse, une de ces théories sur le platonisme et l’amour pur auxquelles le beau sexe applaudit volontiers, quitte à pratiquer le contraire, il perdit patience et riposta :

« — On se demande toujours si l’amitié sincère, forte, durable, est possible entre un homme et une femme. Oui, je le crois, cela se peut, mais à une condition : il faut qu’il n’y ait pas toujours eu amitié pure et simple ; qu’à un moment aussi court, aussi fugitif que vous voudrez, la passion ait parlé ; qu’il y ait eu abandon, faiblesse. »

Dans une des rares nouvelles qu’il a mêlées à ses portraits, Mme de Pontivy, récit transparent de sa propre aventure, il est encore plus explicite :

« — La passion, telle qu’elle peut éclater en une âme puissante, illuminait au dedans les jours de Mme de Pontivy. L’amour même et l’amour seul ! Le reste était comme anéanti à ses yeux ou ne vivait que par là. Les ruses de la coquetterie et ses défenses gracieusement irritantes, qui se prolongent souvent jusque