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une foule, d’aveux marqués au coin de la franchise, et qui ouvrent des jours nouveaux sur ses idées et ses sentiments ; il n’y a guère qu’à l’y découper pour le dessiner aux yeux et le faire saillir avec relief. On peut dire qu’il a passé sa vie, comme Montaigne, à faire son portrait, quoique avec moins de coquetterie. Il a laissé de plus, afin de nous guider, deux autobiographies très-exactes où sont indiqués les points essentiels. Après avoir tant fait pour la mémoire des autres, n’était-il pas juste qu’il prît quelque soin de la sienne ?

Doué d’une complexion fort amoureuse et d’un caractère à velléités indépendantes, il a largement usé des libertés du célibat. Sans prétendre le suivre à travers tous les mondes qu’il a traversés, nous pouvons cependant, en nous aidant des biographies déjà publiées, d’un ouvrage posthume et de nos souvenirs personnels, raconter quelques-unes des aventures que ses passions lui firent courir.

Est-il besoin de réfuter le reproche banal de laideur sur lequel on a tant insisté ? Sainte-Beuve n’avait certes rien d’un Adonis ; les