Page:Pons - Sainte-Beuve et ses inconnues, 1879.djvu/207

Cette page n’a pas encore été corrigée

à toutes les femmes, à commencer par les reines, et à finir par les comédiennes. Que de livres n’a-t-on pas écrits pour justifier Marie-Antoinette, Marie Stuart et tant d’autres ? À entendre ces historiens d’un nouveau genre, historiens amoureux d’illusions et sujets aux chimères, il semble vraiment que le malheur de ces reines serait moins à plaindre et leur martyre digne de moins de pitié, si elles n’avaient pas toujours gardé la fidélité conjugale. « La vertu des femmes, disait Mme de Girardin, est la plus belle invention des hommes. »

Quel est le résultat le plus clair de toutes ces apologies, si ce n’est de donner un croc-en-jambe à la vérité historique et d’inaugurer une fausse morale ? Une belle femme qui rit au soleil est, ce me semble, aussi respectable et, en tout cas, plus naturelle qu’une madone qui prie dans l’ombre. Pauvres êtres qui rachetez par la ruse ce que la nature vous a refusé de force et savez si bien vous relever de votre infériorité, va-t-on vous punir de mort pour nous avoir donné la vie, et serons-nous à votre égard d’autant plus sévères que vous aurez été plus indulgentes ? Si précieuse que soit la virginité, Bayle