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tard. Seulement son coeur n’avait pas parlé. Elle repoussa donc la demande, en y mettant, il est vrai, des ménagements de sensitive qui s’effarouche elle-même d’un refus, adouci aussitôt par des protestations d’amitié. Le mariage n’en était pas moins rompu. Dire pour quelle cause, à la distance où nous sommes de l’événement, ce serait assez difficile. Peut-être la jeune miss hésita-t-elle à venir dans une maison où elle ne règnerait pas seule, où elle aurait à compter avec une belle-mère. Peut-être celle-ci, dans sa jalouse tendresse, voyait-elle avec répugnance lui échapper le fils dont elle n’avait jusque-là partagé l’affection avec personne. Des maîtresses, passe encore : on sait que cela n’a qu’un temps ; mais une femme ! voilà qui donne à réfléchir aux mères.

J’ai connu à Aix, en Provence, un professeur de calligraphie, appelé Bellombre, qui avait passé sa vie à vouloir se marier sans jamais y parvenir. Il était aussi fils de veuve. Toutes les fois qu’il avait été sur le point de réaliser son vœu, une anicroche s’était rencontrée pour le faire échouer. À cinquante ans, il