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d’amour. Une autre preuve, c’est qu’il se remet à chanter et à célébrer le sentiment confus en des vers, ma foi, assez innocents :

     Regards, retrouvez vite et perdez l’étincelle ;
     Soyez, en l’effleurant, chastes et purs comme elle,
     Car le pudique amour qui me tient cette fois,
     Cette fois pour toujours ! a pour unique choix
     La vierge de candeur, la jeune fille sainte,
     Le cœur enfant qui vient de s’éveiller,
     L’âme qu’il faut remplir sans lui faire de crainte,
     Qu’il faut toucher sans la troubler.

Qui n’a passé par cet embarras ? Qui ne s’est demandé, à de certaines paroles à double entente, à quelque rougeur subite, à une main pressée furtivement, s’il était réellement aimé et s’il pouvait risquer la démarche ? Après quelques mois d’indécisions, Sainte-Beuve s’arma de courage et demanda la main de la jeune fille. Elle l’avait traité avec tant de cordialité, qu’il crut en être agréé et pouvoir lui offrir son nom. Si j’en crois des personnes bien informées, l’objet de sa recherche joignait à toutes les grâces une candeur et une sincérité d’âme, devenues introuvables quelques années plus