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Au fond, le mariage fut pour lui comme la foi : vainement, il essaya de s’y prendre ; il ne put jamais y parvenir. Son caractère était plutôt hostile à un engagement légal, étroit et éternel. Il ne tarissait pas en plaisanteries sur les inconvénients de ce lien, qui enchaîne le caprice et coupe les ailes à la fantaisie. Dans un spirituel rapport au Sénat, au sujet de la propriété littéraire, il a glissé deux portraits pleins d’ironie et d’humour, la femme de l’homme de lettres et le mari d’un bas-bleu.

Pourtant, il fut tenté à son heure comme les autres ; peu s’en fallut même qu’il ne succombât. C’est peu après son retour de Suisse que lui prit cette démangeaison. Rien de plus naturel : il avait trente-cinq ans, une position faite, un cœur inflammable et des sentiments délicats ; n’était-ce pas le moment de partager le tout avec une compagne digne de lui ?

Pour le voluptueux, le soir des noces offre un attrait irrésistible. N’avoir jamais possédé que des femmes qui appartiennent à un autre ou même à tout le monde, et voir venir à soi parée de fleurs, émue et rougissante, une jeune fill