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sur place, exhale une verdeur rustique, alpestre, qui ne déplaît pas. Mais dès qu’on la transplante, cette rose des montagnes perd son léger parfum et ne garde plus que les épines. Voyez ce qui arrive à Mme de Gasparin. Malgré tout le mouvement que l’on s’est donné pour elle, ses livres n’ont pu réussir en France : on la loue, mais on ne la lit pas. Un de mes amis, quand on lui présente un volume de cette provenance, a coutume de dire : « Non, merci, ça sent le réformé. »

En outre, Mme Olivier, comprenant que la vraie poésie d’une mère de famille est dans les soins et l’éducation de ses enfants, reprisait et lavait leurs bas au lieu de tremper les siens dans l’indigo. Son mari, réduit à ses propres ailes, ne prit pas un grand essor. À peine si, à la faveur de leur ami, il parvint à glisser dans les Revues deux ou trois articles. Le peu que j’ai lu de lui me fait penser que l’on trouva à son style trop de gravité, trop de barbe et de poids. Il prit enfin le bon parti, entra dans une imprimerie comme correcteur et n’écrivit plus qu’à ses heures perdues.