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l explique fort clairement le plaisir qu’il prit à cette collaboration clandestine :

« On peut, avec probité et sans manquer à rien de ce qu’on doit, bien voir à Paris sur les auteurs et sur les livres nouveaux ce qu’on ne peut imprimer à Paris même à bout portant, et ce qui, à quinze jours de là, s’imprimera sans inconvénient, sans inconvenance, dans la Suisse française. Je l’ai éprouvé durant les années dont je parle (1843-1845). J’avais en ces pays un ami, un de ceux de qui l’on peut dire qu’ils sont unanimes avec nous, un autre moi-même, M. Just Olivier, et nous nous sommes donné le plaisir de dire pendant deux ou trois ans des choses justes et vraies sur le courant des productions et des faits littéraires. On le peut, on le pouvait alors sans être troublé, ni même soupçonné et reconnu. »

Il n’était pourtant pas sans inquiétude à ce sujet. En envoyant ses chroniques à Lausanne dans le plus grand secret, il n’oubliait pas de recommander la prudence. « Donnez-le comme tiré de vous-mêmes, tiré des journaux ; enfin, qu’il y ait un double rideau de mon côté. Je vous