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qui vous a dit que je ne les comprenais pas ? Ce ne serait pas du moins faute d’étude. De quel droit m’appelez-vous athée, injure banale dont les orthodoxes de tous les temps ont voulu flétrir ceux qui les gênaient. Lisez mes écrits, vous y trouverez plus de doutes que d’affirmations sur les choses que je ne sais pas. Ne croit pas à la révélation qui veut. Bornez-vous à ignorer ce que je pense et ce que je sens. Vous ne savez si je suis gallican ou ultramontain, ou janséniste ou catholique, ou calviniste, pas plus que vous savez si je suis philosophe idéaliste ou naturaliste. Tenez-vous-en là. Notre monde est plein d’empressés qui vous invitent à la foi, sans s’apercevoir qu’eux-mêmes en changent plus souvent que de chemise. Je ne rencontre que gens qui me disent : Vous ne croyez à rien ! — En effet, monsieur, car je ne crois pas à vous. M’est-il jamais venu à la pensée d’ôter ou de diminuer la croyance chez qui la possède ? Traitez-moi donc comme je fais les autres. Je ne tracasse personne, qu’on me laisse en repos : ce n’est pas trop demander, je pense ?