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grands écrivains dont la présence avait illustré ces lieux avant lui.

« Là, me disais-je, Rousseau jeune a passé. Plus tard, son souvenir ému y désignait, y nommait pour jamais des sites immortels. Là-bas, Voltaire a régné, Mme de Staël a brillé dans l’exil. Byron, dans sa barque agile, passait et repassait vers Chillon. Ici-même, Gibbon accomplissait avec lenteur l’œuvre historique majestueuse conçue par lui au Capitole. »

Le plus beau paysage ne tarde pas à paraître insipide, si l’on est seul à le contempler ; d’ailleurs, quand le soleil se couche, il est bon de trouver un logis où passer la soirée. Sainte-Beuve aimait la solitude par intermittence, mais ne trouvait que dans le monde l’emploi de ses brillantes facultés. Sauvage par nature sans être timide, il eut bientôt une maison à lui, un lieu d’asile où il put causer, rimer, aimer en toute liberté.

Parmi ses collègues de l’Académie était un professeur d’histoire, Just Olivier, qui, venu à Paris pour le voir en 1830, n’avait pas cessé de correspondre avec lui et s’était employé à