Page:Pons - Sainte-Beuve et ses inconnues, 1879.djvu/168

Cette page n’a pas encore été corrigée

d’exil.

Voltaire, qui y passa trois hivers (1755-1758), s’y plut beaucoup et en trouva les habitants à son gré. Il fut agréablement surpris de leur voir un goût pour l’esprit qu’il contribua à développer, mais qu’il n’avait pas eu à créer : « On croit chez les badauds de Paris, écrivait-il, que toute la Suisse est un pays sauvage ; on serait bien étonné si l’on voyait jouer Zaïre à Lausanne mieux qu’on ne la joue à Paris… Il y a Suisses et Suisses. Ceux de Lausanne diffèrent plus des petits cantons que Paris des Bas-Bretons. »

Sainte-Beuve y fit d’abord de fréquentes promenades, qu’il dirigeait tantôt vers un gracieux coteau couvert d’arbres fruitiers qui descend en pente douce vers le lac, tantôt du côté du bois de Rovéréa qui domine la ville. Il s’y reposait souvent sous un orme qu’il a chanté :

     Étrange est la musique aux derniers soirs d’automne,
     Quand vers Rovéréa, solitaire, j’entends
     Craquer l’orme noueux et mugir les autans
     Dans le feuillage mort qui roule et tourbillonne.

C’est de là sans doute qu’il songeait aux