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fermait ; il dodelinait de la tête et, me tendant avec effort le bout de ses doigts alanguis : « Adieu, disait-il d’une voix éteinte, à demain, je n’en puis plus. » Je le quittais, persuadé qu’il allait se mettre au lit et y dormir d’un sommeil de plomb. Quel n’était pas mon étonnement de le rencontrer une heure après sur le trottoir, frais et pimpant, le pardessus au bras, le nez au vent et lorgnant avec délices toutes les femmes qui passaient à portée de son regard.

À Lausanne, il était plus jeune et partant plus actif. Son premier soin fut de reconnaître le pays. La ville, agréablement étagée sur les bords du Léman, est en outre entourée de vignes, de vergers et de prairies qui présentent un charmant coup d’œil. Quoique la plupart des rues, à cause de leur pente rapide sur la colline où elles sont bâties, soient de véritables casse-cou et tournent le dos au soleil et au lac, on y respire un air d’aisance, de bien-être bourgeois. Même pour un homme habitué aux plaisirs de Paris, c’est, à tout prendre, un supportable lieu