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r traversé le cerveau de Sainte-Beuve, lui a fait écrire les lignes suivantes :

« Je me fais quelquefois un rêve d’Élysée ; chacun de nous va rejoindre son groupe chéri auquel il se rattache et retrouver ceux à qui il ressemble : mon groupe à moi, je l’ai dit ailleurs, mon groupe secret est celui des adultères (moechi), de ceux qui sont tristes comme Abbadona[1], mystérieux et rêveurs jusqu’au sein du plaisir et pâles à jamais sous une volupté attendrie. »

En termes plus prosaïques, il avoue qu’il a donné souvent des coups de canif dans le contrat d’autrui, qu’il a plus d’une fois dans son existence complété le trio conjugal plaisamment célébré dans le roman populaire qui a pour titre : La Femme, le Mari et l’Amant.

Ces associations, connues sous le nom de ménage à trois, sont devenues si communes dans toutes les classes de la société, qu’il n’y a

  1. Abbadon ou Abbadona est un ange fidèle de la Messiade de Klopstock, entraîné dans la révolte de Lucifer et dont la harpe résonne au milieu des hurlements du concert infernal. Même parmi les démons, il reste triste et malade du regret des cieux.