Page:Pons - Sainte-Beuve et ses inconnues, 1879.djvu/155

Cette page n’a pas encore été corrigée

allumés sans pouvoir les éteindre. Et lui, qui a eu le don de tout dire avec grâce, nous rend comme un écho discret de ces confidences : « Tous ces hommes attirés et épris n’étaient pas si faciles à conduire et à éluder. Il dut y avoir autour d’elle, à de certaines heures, bien des violences et des révoltes, dont cette douce main avait peine ensuite à triompher. »

Elle consentit même à lui faire lire bon nombre de lettres de Mme de Staël ; elle ne put cependant lui communiquer la correspondance amoureuse de son amie avec Benjamin Constant, car celui-ci l’avait vendue pour cent mille francs à la duchesse de Broglie. Quel vieux séducteur ne voudrait, à ce prix, céder tous ses galants messages ?

J’ai entendu quelquefois demander si Sainte-Beuve avait de l’esprit en causant. Les Lundis suffisent, ce me semble, à décider la question et laissent entrevoir quel imprévu, quel charme avait sa parole dans l’intimité, lorsqu’il donnait libre carrière à la verve et n’était plus gêné par l’appréhension du public. Plume en main, il cheminait prudemment, crainte des piéges, et se dérobait dans les sous-