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Il n’y a qu’une femme, et une femme d’un tel talent, pour transfigurer à ce point le bonhomme. Sainte-Beuve, bien qu’il ne pousse pas l’engouement aussi loin, — les critiques sont de leur nature moins crédules, — avoue pourtant avoir servi de secrétaire, de truchement à Leroux, dont la plume, dit-il, n’était guère alors plus taillée qu’un sabot. En causant, il était moins sévère à son endroit et se plaisait à raconter le fait suivant :

Parmi les rédacteurs du Globe, quelques-uns des plus jeunes et des plus distingués, Ampère, Duchâtel, Rémusat, Vitet, avaient accès dans les salons de Talleyrand, dont l’habileté sournoise boudait la Restauration et lui était secrètement hostile. Ces messieurs, tout fiers de leur journal et des articles qu’ils y inséraient, s’attendaient chaque jour à quelque compliment du vieux diplomate. Mais comme il ne leur en ouvrait jamais la bouche, ils finirent pas croire qu’il ne le lisait pas. Un soir pourtant, ô bonheur ! il rompit le silence et les félicita d’un article sur Napoléon, paru le matin même. Aussitôt de se précipiter vers la table où se