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Constituante et, plus tard, ceux de Benjamin Constant et de Camille-Jourdan, tandis que Mme Sand, élevée loin des affaires publiques, ne rencontra, à son entrée dans les lettres, d’autres inspirateurs qu’un prêtre bilieux et intolérant, et l’honnête Pierre Leroux, sorte de brahme indou égaré en plein XIXe siècle. Quoi d’étonnant que sa vive imagination se soit laissée prendre à des rêves généreux, qui n’étaient pas tous de pures illusions ? Il faudrait plutôt lui savoir gré de rendre accessibles aux esprits les plus simples des systèmes abstraits et d’une compréhension difficultueuse. Elle a doré tout cela de tant de rayons, que Lamennais en paraît aimable, et Pierre Leroux amusant.

Elle ne connut ce dernier philosophe humanitaire que bien après Sainte-Beuve, avec qui il était lié depuis plusieurs années. Il eut sur tous deux une influence plus considérable qu’on ne le croirait. Elle était trop femme pour ne s’en pas coiffer aussitôt. Béranger, dans ses jours de malice, prétendait même qu’elle l’avait poussé à pondre une petite religion pour avoir