Page:Pons - Sainte-Beuve et ses inconnues, 1879.djvu/138

Cette page n’a pas encore été corrigée

nent les affections humaines, même chez les individus les plus distingués, de placer la page où l’amant trahi a, sous un voile assez léger, esquissé le portrait de sa maîtresse. Elle se trouve dans un de ses plus jolis contes, le Merle blanc : « Nous travaillâmes ensemble. Tandis que je composais mes poëmes, elle barbouillait des rames de papier. Je lui récitais mes vers à haute voix, et cela ne la gênait nullement pour écrire pendant ce temps-là. Elle pondait ses romans avec une facilité presque égale à la mienne, choisissant toujours les sujets les plus dramatiques, des parricides, des rapts, des meurtres et même jusqu’à des filouteries, ayant toujours soin, en passant, d’attaquer le gouvernement et de prêcher l’émancipation des merlettes. En un mot, aucun effort ne coûtait à son esprit, aucun tour de force à sa pudeur ; il ne lui arrivait jamais de rayer une ligne ni de faire un plan avant de se mettre à l’œuvre. C’était le type de la merlette lettrée. »

À ce crayon haineux, tracé par la rancune et le dépit, on peut répondre que, dans cette union de rencontre, le plus viril des deux ne