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ne sympathise pas avec eux. Les gens qu’on estime, on les craint, et on risque d’en être abandonné et méprisé en se montrant à eux tel qu’on est ; les gens qu’on n’estime pas comprendraient mieux, mais ils trahissent. »

Évidemment elle est de l’avis de cette dame, qui disait à une amie : « Vois-tu, ma chère, plus je vais, plus je sens qu’on ne peut aimer passionnément que celui qu’on méprise. »

L’entrevue avec Jouffroy ne répondit-elle pas aux espérances ? Je l’ignore. Sans doute Mme Sand comprit qu’en pareille matière on n’est jamais mieux servi que par soi-même, et son choix définitif tomba sur Musset. Elle n’eut pas lieu d’abord de s’en repentir, à en juger par ses lettres au confident :

« Je suis heureuse, très-heureuse, mon ami. Il est bon enfant, et son intimité m’est aussi douce que sa préférence m’a été précieuse. Ici, bien loin d’être affligée et méconnue, je trouve une candeur, une loyauté, une tendresse qui m’enivrent. C’est un amour de jeune homme et une amitié de camarade. C’est quelque chose dont je n’avais pas l’idée, que je ne croyais