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justifiant les paradoxes de sa révolte par l’éloquence de ses plaidoyers.

Ce qui plaît avant tout dans son œuvre, c’est la crânerie et la franchise de l’allure. Que le moment soit propice ou non, elle exprime ses sentiments, ses émotions à l’heure même, avec une netteté que l’on a pu qualifier de brutale, et qui n’en reste pas moins la marque des vrais maîtres.

Avant d’incarner dans ses personnages la flamme et les tourments de la passion, elle les avait subis elle-même ; ses premiers livres, on peut le dire, sont écrits avec le sang de sa blessure. Voulez-vous son portrait en deux mots ? Prenez le contrepied de la définition que Mme du Deffand donnait de son caractère : « Ni tempérament ni roman. » Aspirant, comme tous les grands cœurs, à un bonheur que le mariage lui avait refusé, elle ne cessa de le poursuivre. Plus insaisissable que le chantre de Méry, cet oiseau fugace échappait sans cesse de ses mains.

Élevée aux champs, elle en avait goûté de bonne heure l’allégresse et la poésie, qu’elle