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la voix du désir le Dieu faisait descendre

     Quelque nuage d’or fluidement épars,
     Un voile de vapeur impénétrable et tendre :
     L’Olympe et le soleil y perdaient leurs regards[1].

Un tel article ne peut nuire qu’à celui qui l’écrit[2]. Je ne crois pas qu’il soit possible de lancer un plus maladroit pavé à la tête de ses amis. Ce qui rend le procédé plus bouffon, c’est que l’homme qui prenait ainsi en main la défense des vertus conjugales, était lui-même juridiquement séparé de sa femme. Il est fâcheux, quand on fait un tel acte public, au nom de la morale, de prêter soi-même le

  1. Homère. Iliade, XIV
  2. Sainte-Beuve n’y a jamais répondu, trouvant que c’était là une méchante et trop facile littérature. Il s’est contenté de réfuter d’une manière générale certaines théories sur l’adultère : « Nos auteurs dramatiques et nos romanciers sont uniques. Ils vivent, la plupart, comme de gais et spirituels chenapans, avec des filles, avec des cocottes, avec des femmes mariées ; ils ne se gênent en rien et s’en donnent à tire-larigot. Mais dès qu’il s’agit, dans leurs inventions littéraires, d’un adultère, cela devient une affaire de tous les diables et comme si le cas était pendable au premier chef. Ils oublient qu’il n’y a rien de plus commun en fait, et rien qui, dans le train ordinaire de la vie, tire moins à conséquence. » (Cahiers, page 133.)