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« Le dit poëte est fort laid. Il a rêvé une fois dans sa vie qu’il était l’amant d’une belle et charmante femme. Pour ceux qui connaissent les deux personnages, la chose serait vraie qu’elle n’en resterait pas moins invraisemblable et impossible.

« Cet affreux bonhomme ne s’est pas contenté des joies qu’il a usurpées à la faveur de quelques accès de folie ou de désespoir causés par un autre. Il ne trouve pas que ce soit assez d’avoir une belle femme, il veut un peu la déshonorer. — Sans cela, ce ne serait pas un triomphe suffisant.

« Il a réuni dans un volume de 101 pages toutes sortes de vers au moins médiocres, qu’il a faits sur ses amours invraisemblables. Il a eu soin d’en faire un dossier, avec pièces à l’appui, pour laisser sur la vie de cette femme la trace luisante et visqueuse que laisse sur une rose le passage d’une limace.

« Non-seulement il a eu soin de relater dans ses vers toutes les circonstances de famille et d’habitudes, qui ne permettent pas d’avoir le moindre doute sur la personne qu