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re dans ce miroir peu flatteur. À l’apparition du livre, ce furent des effarouchements, des cris de pudeur révoltée : Fi ! le vilain ; cachez vos nudités. Immoral, murmura la duchesse de Broglie. M. Guizot le traita de Werther jacobin et carabin. Les classiques firent des gorges chaudes de ces plaintes, de ces imprécations, de ces désespoirs rendus en une langue si peu débrouillée.

On n’avait pas affaire à un entêté. Sainte-Beuve retourna sa veste, s’ennuagea de catholicisme au contact de l’amie, enduisit ses crudités d’un vernis de décence et l’on eut les Consolations. Mais ce rideau de dévotion, tiré devant un manque absolu de foi, ne put tromper les malins. Béranger, dans une lettre, mit le doigt sur tous les points faibles :

« Savez-vous une crainte que j’ai ? C’est que vos Consolations ne soient pas aussi recherchées du commun des lecteurs que les infortunes si touchantes du pauvre Joseph, qui pourtant ont mis tant et si fort la critique en émoi. Il y a des gens qui trouveront que vous n’auriez pas dû vous consoler si