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ce phoebus romantique. Pour n’en citer qu’un exemple, ayant à consoler Alfred de Vigny de son échec d’Othello, il lui adresse une épître terminée par ces vers :

     Et puis, un jour, bientôt, tous ces maux finiront,
     Vous rentrerez au ciel une couronne au front,
     Et vous me trouverez, moi, sur votre passage,
     Sur le seuil, à genoux, pèlerin sans message ;
     Car c’est assez pour moi de mon âme à porter,
     Et, faible, j’ai besoin de ne pas m’écarter.
     Vous me trouverez donc en larmes, en prière,
     Adorant du dehors l’éclat du sanctuaire,
     Et pour tâcher de voir, épiant le moment
     Où chaque hôte divin remonte au firmament.
     Et si, vers ce temps-là, mon heure révolue,
     Si le signe certain marque ma face élue,
     Devant moi roulera la porte aux gonds dorés,
     Vous me prendrez la main, et vous m’introduirez.

Pour Victor Hugo, l’encens est plus fort :

     Votre génie est grand, ami ; votre penser
     Monte, comme Élisée, au char vivant d’Élie ;
     Nous sommes devant vous comme un roseau qui plie
     Votre souffle en passant pourrait nous renverser.

De telles exagérations dont il trouvait la source dans Hernani, faisaient dire à Armand Carrel : «