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qu’il avait sur le cœur, se servit de moi pour exprimer ses plus amères réflexions sur l’inconstance en amitié, les sentiments méconnus, etc.. Comme j’étais assez près d’elle pour qu’elle entendît, et comme, immobile, elle écoutait[1], sans perdre un mot, vous voyez d’ici la scène et mon embarras entre les trois personnages, car le mari, à deux pas plus loin, écoutait aussi. C’était, comme on dit, à brûle-pourpoint qu’il m’adressait son discours, auquel je n’avais pour mon compte rien à répondre, et ses paroles étaient aussi incisives que vous pouvez le supposer de ce vindicatif personnage. On m’a dit cependant qu’ils s’étaient réconciliés depuis.

Hormis le vindicatif qui est un contre-sens, rien de plus vrai que ce récit et les mots qui le terminent : la rupture définitive n’eut lieu en

  1. La dame en question était douée par nature d’une douce impartialité qui n’excluait pas la justesse des jugements. Toutefois, une note des Cahiers donnerait à croire qu’elle n’avait pas l’esprit aussi aimable que le reste : « Jeune, on se passe très-aisément d’esprit dans la beauté qu’on aime et de bon sens dans les talents qu’on admire. » Du même coup, le mari y attrape son égratignure.