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Ta sérénité d’âme un moment obscurcie,
      Et ton gazouillement qui chante et remercie !
      Tu viens toi-même offrir à mes doigts caressés
      Tes cheveux qui de blonds sont devenus foncés ;
      Ils seront noirs, enfant, noirs comme ta paupière,
      Comme tes larges yeux où nage la lumière.

      Adèle est ton doux nom, nom de ta mère aussi :
      Parrain religieux, je t’ai nommée ainsi,
      Refusant d’ajouter au sien, suivant l’usage,
      Un de mes noms ; pour toi j’eusse craint le présage.
      Que d’aimables bienfaits tu me rends aujourd’hui !
      Toi seule, enfant sacré, me rattaches à lui ;
      Par toi je l’aime encore, et toute ombre de haine
      S’efface au souvenir que ta présence amène.
      Mon amitié peu franche eut bien droit aux rigueurs,
      Et je plains l’offensé, noble entre les grands cœurs !

Il me faut sauter quelques vers où le poëte entre dans une précision de détails que personne ne lui demandait à ce degré.

     Or toi, venue après, et quand pâlit la flamme ;
     Quand ta mère à son tour, déployant sa belle âme,
     Tempérait dans son sein les fureurs du lion ;
     Quand moi-même apparu sur un vague rayon,
     Comme un astre plus doux aux heures avancées,
     Je nageais chaque soir en ses tièdes pensées,
     Oh ! toi venue alors, enfant, toi, je te vois
     Pure et tenant pourtant quelque chose de moi !