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Que devenaient, durant ces escapades, l’intérieur du ménage et les enfants ? Hélas ! on voudrait ne pas le savoir. Tandis que la mère de famille courait ainsi la ville ou les champs, fuyant le sérieux de la vie, la responsabilité, le labeur et l’esclavage du foyer, tout y était à l’abandon. Quel désordre ! quel gâchis ! Un seul fait en donnera la mesure. La cuisinière, fille novice et livrée à elle-même, s’avisa un jour d’assaisonner le potage à l’eau de javel. Toute la maison faillit s’empoisonner. Ah ! la poésie, l’amour, c’est charmant. Un peu de prose toutefois et de pot-au-feu feraient bien mieux l’affaire.

Ch. R…, rédacteur d’un important journal, avait pour femme une romancière de mérite, sorte de clair-de-lune de Mme Sand, mais plus jolie qu’elle. Un de ses amis, — c’est toujours un ami ! — le docteur Melchior Yvan, que tout le Paris du boulevard a connu, s’en éprit et la lui enleva. Cela mit entre eux un peu de froid. Non, certes, que le mari le prît mal ; il disait, au contraire, à qui voulait l’entendre : « Qu’a donc Melchior contre moi ? il ne me salue plus !