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Et nous nous embrassions comme en un jour de fête.
Et mes pauvres amis disaient le lendemain :
« Combien tu dois sentir ton âme satisfaite !
« Que tu dus tressaillir quand il serra ta main !
« Va, nous t’envions tous l’ami que Dieu t’envoie.
« Aux chants que tu lui lus, qu’est-ce qu’il répondit ? »
Et je leur répétais, sans fatiguer leur joie,
Cent fois ce que tu m’avais dit.

III



Mais tu quittas bientôt notre ville empressée.
Suivi de tes nobles enfants,
Tu dirigeas tes pas vers la grande Phocée
Où l’on vous reçut triomphants.
Tout vint à toi : bourgeois, marin, tanqueur robuste ;
Plus de vingt mille citoyens
Coururent saluer de près ton front auguste
Et tes sourcils olympiens.
Et quand ces cœurs brûlants au théâtre entonnèrent
Le saint cantique marseillais :
Hymne au refrain duquel rois et trônes croulèrent,
Sans doute que tu tressaillais !
Car ces vingt mille voix, mâles et cadencées,
Et brûlantes de puberté,
Chantaient le but sublime où tendent tes pensées :
Le règne de la liberté.