Page:Poncy - Poésies, vol. 1, 1867.djvu/84

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 16 —

Chaque jour, chaque nuit, pleurant les infidèles,
Exhalent leur douleur en amoureux soupirs.

Parfois on la dirait une large poitrine
Qui s’enfle et qui s’affaisse. Elle ouvre pour narine
Un gouffre dont le râle au loin se prolongeant
Éveille et fait mugir la falaise hautaine.
Je n’y vois maintenant qu’une plaine d’ébène,
Et des flots festonnés de dentelles d’argent.

À peine les rochers, estompés dans la brume,
Agitent à leurs pieds leur écharpe d’écume.
Sur la rade, le bruit des navires s’est tu,
Et déjà la rosée au front des forêts pleure.
Tout semble inachevé : tout est vague à cette heure.
Quel tableau, golfe aimé, ce soir m’offriras-tu ?

II



Qui rase ainsi la mer limpide ?
Serait-ce un goéland attardé dans les airs,
Qui regagne, d’un vol rapide,
Son nid d’algue caché dans les îlots déserts ?

Est-ce une hirondelle craintive ?
Ou l’oiseau de tempête, au vol lourd, le pétrel,
Venant, d’une oreille attentive,
Écouter, près du bord, le chant du ménestrel ?