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C’est que nul ne connaît le destin des royaumes.
C’est que l’humble cabane, où vivent quelques hommes,
D’un opulent rivage est souvent le berceau ;
Tandis que des cités solidement bâties
Ne laissent pas, aux bords qui les ont englouties,
Assez de leurs débris pour construire un hameau.

Ton avenir n’a plus de bornes présumables.
Le beau soleil qui luit sur tes rives aimables
Fait envie au séjour des rois.
Tes quais, dont l’eau jadis occupait la surface,
Pour les mille vaisseaux qui t’y demandent place
Deviennent toujours plus étroits.

Échelonnant tes bords de solides jetées,
Tu domptes le courroux des vagues irritées.
Tu fais surgir des ports marchands
Sur de fangeux marais que les flots venaient mordre ;
Et tes mille ouvriers transforment à ton ordre
Les champs en mer, les mers en champs.

De splendides bazars naissent dans chaque rue,
Où de tes visiteurs la foule s’est accrue.
Le bruit des ateliers aux marches des tambours
Se mêle. Tu construis, tu l’embellis, tu forges.
Et dans tes environs, tous les jours, tu regorges
Des habitants qui vont agrandir tes faubourgs.