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Merci, car tous ces cœurs où le ciel te burine,
Sceau de feu du génie, ont besoin d’être aimés ;
Car souvent l’air natal remplit mal ma poitrine,
Et par la majesté de la plage marine
Mes avides regards ne sont plus animés.

Souvent, en explorant la falaise noircie,
Large remparts de rocs qui barre l’Océan,
Et nos bords dentelés comme une immense scie,
Je ne sens plus la mer, volcan de poésie,
M’enivrer des accords sauvages d’Ossian.

Je n’interroge plus la vague échevelée.
Ma jeune âme s’envole, en brisant ses liens.
Vers les rochers, pendants du ciel sur la vallée,
Les forêts de sapins, la neige immaculée,
Diadème éternel des monts tyroliens.

Je voudrais voir ces pics où l’ouragan s’entasse,
Attelant à son char, comme de grands coursiers,
Tous les nuages noirs dispersés dans l’espace,
Puis galope au travers des cimes qu’il dépasse
Et brise son essieu de feu sur les glaciers.

Je voudrais voir ce lac où se mire Genève
Pour bercer dans ses flots mon esprit voyageur,
Pour y baiser les pas de Rousseau sur la grève,