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XXXIII
sur poncy

ma pipe s’échauffe, ma tête aussi, et je deviens spiritualiste du moment que mes yeux suivent la fumée bleuâtre qui vole dans l’air. Quand je suis bien inspiré, chaque bouffée de tabac est un vers, et la fin de la pièce est au culot de la pipe. » Ces mots ont quelque chose d’étrange pour moi qui suis un profane, mais on m’assure qu’ils sont beaux. Il parait que l’ange gardien qui lui donne ses conseils n’est pas exempt de préjugés sur ce chapitre et lui fait la guerre quelquefois. Cette pièce où, pour apaiser, il lui fait suivre dans l’air les images mobiles de la vapeur qu’elle veut proscrire, il lui montre et l’anneau de mariage et la couronne de la fiancée et tout un avenir riant dans un nuage, est d’une originale et délicate facture. Il en est de même de la méditation indécise et tant soit peu fantastique, qu’il adresse à la fumée de sa pipe.

Sans doute, dans tout cela on pourra trouver des choses qui appelleraient le grattoir et la sandaraque. Quelquefois je me prends à avoir peur pour lui. J’analyse, je décompose, je me livre à ce travail de sondage minutieux, qui, dans l’examen de chaque détail, fait disparaî-