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XVII
sur poncy

S’il a eu. dans son excellent père, un bon maître dans son métier de maçon, on voit qu’il n’en a eu aucun en celui de la poésie.

Je me trompe : dès ses premières années, et constamment depuis, il en a eu un qui, chaque jour, le matin et le soir, à toute heure de liberté, sans fatigue, sans ennui, en saisissant son attention, en remuant son âme, a cultivé sa pensée et fait grandir son instinct poétique.

Non pas un de ces maîtres impassibles, à visage inerte, ni de ces maîtres impuissants, qui n’ont qu’un genre, hors duquel ils ne sont plus rien ; mais un maître qui s’anime, qui se colore, qui bouillonne au besoin, pour faire entrer profondément ses leçons dans l’esprit de son élève ; un maître qui, gracieux ou sévère, simple ou majestueux, calme ou tourmenté, souriant ou furieux, vous apprend à passer tour à tour d’une émotion à un autre, vous initie à la variété, à la mobilité des formes et des couleurs, vous enseigne à la fois la puissance de l’image et de la mélodie ; mais qui, surtout, élargit votre âme, vous la prend et l’élève et la transporte jusque dans ses plus hautes régions.