Voilà ce qu’on lui dirait, peut-être, au point de vue social. Mais au point de vue de la poésie, c’est tout autre chose.
La nature n’y met pas tant de façon. Elle jette une âme de poète dans un berceau, et que ce berceau soit fait d’osier ou de palissandre, qu’il soit dressé dans une échoppe ou dans une maison dorée, que le pied qui le balance pour endormir l’enfant, presse sa base mobile sous un sabot ou sous un soulier de satin, le poète surgira.
Pour la pensée poétique pas plus que pour la pensée religieuse et chrétienne, il n’est vrai que la société soit composée de trois classes de nature diverse : une haute, à qui serait dû le monopole de la splendeur et de la puissance publique ; une moyenne, qui aurait celle des travaux de l’intelligence ; et une basse, à qui il ne resterait que le labeur des mains.
Unité, c’est le premier, c’est le grand, c’est le dernier mot de l’humanité !
Il y a plus : l’instinct poétique est éminemment populaire.
Il faut à la poésie de la naïveté, de la foi, même crédule, de l’ardeur jusqu’à la passion, de l’esprit de dévouement et de sacrifice.