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Qui pour fendre les cieux, s’il peut les rencontrer,
Escalade des monts la formidable rampe,
Voudra-t-il me prêter sa grande aile qu’il trempe

Dans les flots qu’il vient d’éventrer ?

Le vent, coursier des flots, qui par milliers les groupe,
Ne peut-il m’enlever dans les hauteurs des airs ?
Pourquoi, seul dans ces flots et penché sur leur croupe,
Ne puis-je traverser leur écumante troupe

Comme Mazeppa les déserts ?

Pourquoi ne puis-je pas, sous le beau ciel d’Espagne,
Sous celui de Venise éclatant et vermeil,
Dévorer les baisers d’une brune compagne
Dont le jaloux amour, comme un astre, accompagne

Les doux rêves et le sommeil ?

Oh ! l’ennui s’est saisi de mon âme ; il la mine.
Je veux voir Pompéï, fouiller Herculanum,
Et ces mers dont le fond recèle, vaste mine,
Les Français d’Aboukir, les Grecs de Salamine,

Et les deux flottes d’Actium !

Comme un vaisseau, que meut une ardente machine,
Franchit les flots, je veux franchir, dans mon élan,
La muraille Médique et celle de la Chine,