Page:Poncy - Poésies, vol. 1, 1867.djvu/203

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 135 —

— « Tu veux donc me tuer, » dit tristement la fée ?
Et puis elle ajouta d’une voix étouffée :
« Pourtant si je voulais je me ferais aimer !
Mes désirs sont des lois ; il suffit que j’ordonne
Pour qu’à mon gré la mer mugisse et le ciel tonne.
— Il découvrit son sein : « Vois-tu cette madone ?
Elle t’empêchera, dit-il, de me charmer. »

— « Ingrat, dit-elle alors, tu méprises ma flamme…
À souffrir tes dédains j’avais contraint mon âme,
Mais nul mortel en vain ne brave mon pouvoir. »
Et, flagellant la mer de sa rouge baguette,
Un nuage de feu s’épaissit sur sa tête ;
Et son cri formidable évoqua la tempête,
Qui monta dans le ciel comme un grand aigle noir.


IV


Dieu ! la mer hurle et se soulève ;
Et l’éclair, aigu comme un glaive,
Des flots éperonne le front ;
Et, par un bras fatal poussée,
Sur la falaise courroucée
La nacelle blanche se rompt.

Et dans une horrible caverne,
Un spectre au regard creux et terne