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L’Océan, défiant îlots, digues et havres,
Nous jetait en défi des monceaux de cadavres.
Hier, le flot fauchait, monstrueux moissonneur,
Les vaisseaux, les marins ! Aujourd’hui qu’il sommeille,
De sa vaste poitrine azurée et vermeille

Montent des soupirs de bonheur !

Sur tous les marins morts, sur les barques broyées,
Sur les blocs de granit des roches foudroyées,
La mer étend ses flots comme de grands linceuls.
Dirait-on maintenant que le sang l’a rougie,
Sans tous ces naufragés, restes de son orgie,

Qui, sur ses bords, l’attestent seuls ?

Le monstre est bien repu ! tremble, océan livide.
Toujours ta soif de sang s’éveille plus avide,
Mais qui sait, vieux Satan ! si Dieu que tu trompas
Ne s’indignera pas qu’en tes nuits de démence
Tu transformes tes flancs en cimetière immense,

Et ne te desséchera pas !



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