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Toujours la mer me berce et me sourit.
Vois, de bonheur ma nacelle palpite :
Entends des flots l’irrésistible appel.
À ses festins cette mer qui t’invite

Est un chemin d’azur qui mène droit au ciel.

Ah ! je te tiens, jeune fleur des montagnes
Qui de l’amour bravais la grande loi,
Qui t’exilais, bien loin de tes compagnes,
Sur ces sommets orgueilleux comme toi.
Vois s’avancer ce sanglant crépuscule,
Entends rugir l’ouragan solennel !
Vois devant nous comme le ciel recule !

La mer, sauvage enfant, ne mène pas au ciel.

Ne pleure pas ! Comme la mer crui gronde,
Je serai sourd, à ton tardif remord.
Pour le ciel bleu tu désertais le monde !
Moi je t’y mène… et moi… je suis la Mort.
La foudre éclate et l’onde nous submerge ;
Tout, jusqu’aux flots, tout est mensonge et fiel.
Viens dans mes bras t’endormir, jeune vierge !

Voilà le seul chemin qui mène droit au ciel.


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