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Viens-tu déplorer le naufrage
Des vaisseaux détruits par l’orage
Et dont la mer à leur rivage
Ne rend pas même les lambeaux ;

Sombre oiseau, tu ne sais te plaire
Et tu ne sembles te blottir
Qu’au sein des lames en colère,
Toujours prêtes à t’engloutir :
Pareil à ces âmes chrétiennes
Qui, dans les tempêtes humaines,
Trouvent, même au sein de leurs peines,
Un abri pour s’en garantir.

J’aime à le voir quand tu t’obstines
À lutter contre l’aquilon,
Quand sur les varechs tu piétines
Comme l’alouette au sillon :
Lorsque, souple et forte, ton aile
Rase la vague solennelle
Et que ta grêle voix se mêle
À son orageux tourbillon.

J’aime à voir la grève où tu marches,
Ses algues où tu le nourris,
Et les aériennes arches
Que de flot en flot tu décris,