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Oh ! qui te sauvera de la fureur des flots ?
Quelle oreille entendra les déchirants sanglots
Quand tu t’éveilleras, et que loin de la rive
L’orage aura jeté ta barque à la dérive ?
 
Et les nuages noirs que le vent appelait,
Accouraient à la voix de leur sombre monarque :
Et, froide de terreur, la vierge s’éveillait
À l’instant où la foudre éclatait dans sa barque.


III


On a dit que les flots ne l’engloutirent pas ;

Que sur la mobile surface
Du gouffre amer où tout s’efface,

Un flamboyant guerrier vint lui tendre les bras.
Il était décoré de la balle ennemie :
« Me voici ! viens, dit-il, viens, ma fidèle amie,
« Viens, toi qui m’appelais dans le calme des nuits
« Toi, dont l’âme, livrée à d’éternels ennuis,
« Éclipse en pureté la neige des lavanges !
« Ne regrette jamais le monde que tu fuis ;
« Car le digne séjour des héros et des anges,

« C’est le ciel, et je t’y conduis ! »