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« La patrie, un jour, le réclame :
« Il part… je suis seule à savoir
« Tout ce qu’il souffrit quand son âme
« Immola l’amour au devoir.

« Oh ! que le ciel le récompense
« De tant de sublimes douleurs !
« Qu’un ange, dans ses maux, le panse
« Avec le baume de mes pleurs !

« Mais voici des drapeaux, des glaives !
« Voici mon bien-aimé vainqueur,
« Qui foule le sable des grèves
« El qui m’appelle sur son cœur…


« Volons !… « L’esquif cingla vers le large. Et la vierge
Semblait presser quelqu’un contre son sein mouvant.
Mais ses bras étendus n’embrassaient que le vent ;
Et l’éclair s’allumait, comme un funèbre cierge,
Dans un ouragan noir qui montait du levant.

« Oh ! s’écriait l’enfant si joyeuse naguère,
« Pourquoi, mon beau vainqueur, ramènes-tu la guerre" ?
« Entends-tu le canon ? n’est-ce pas l’ennemi
« Qui vient incendier le village endormi ? »

Ce n’est pas le canon, c’est la foudre qui gronde !
Chaque soir le trépas sur les mers fait sa ronde.