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Dis-moi combien de fois, des flots et de la mort,

Ton courage a sauvé ta vie.


chant du pêcheur


« Je te salue, ô mer paresseuse, qui dors
Quand déjà tout s’éveille et que l’aube étincelle.
Sur ton onde, où le ciel sema tant de trésors,

Reconnais-tu la main fidèle
Du vieux pécheur né sur tes bords ?

« Noble mer ! dans tes nuits de démence sublime,
Souvent j’ai vu tes flots poussant de sombres cris,
D’un navire détruit emporter les débris.
Aussi, quand ta fureur se réveille et s’anime,
Quand le char de l’orage, en volant sur ton sein,

Pour ornière y creuse un abîme,

Et, dans les cieux voilés, sonne comme un tocsin
Prompt à mettre en défaut sa colère barbare,
De mon bon gouvernail je détourne la barre ;
Et bravant l’ouragan, ton courroux et la mort,

Bientôt ma barque atteint le port ! »

— Pécheur, arrête ta nacelle !

J’aperçois sous la mer une verte forêt,