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De toute sa personne émane,
Moitié sacré, moitié profane,
Un vertige de volupté
Tel, qu’il ferait entrer en danse
Le plus certain gland de potence
Comme l’âne le plus bâté.

Partout où son regard se pose,
La sève perle, verte et rose,
Aux coques des bourgeons naissants ;
Et çà et là, dans les prairies,
Les fleurs, de mystère pétries,
Gemment sous ses pas bienfaisants.

Il connaît les belles paroles
Qui font s’épanouir les corolles
Des roses, des lilas, des lis,
Et passer toutes les délices
Des violettes, des mélisses
Dans l’haleine de nos Philis.

Il a des oiseaux plein des cages
Qu’il délivre dans les bocages
Ou bien qu’il éparpille au ciel ;
Et, que sais-je ?… il invente encore
Tout un essaim multicolore
De fins papillons de pastel.

Il veut qu’en les forêts prochaines
Les dryades au cœur des chênes
S’éveillent de leur blanc sommeil ;