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Ô vin plus frais que les grenades
Et plus pimpant que le printemps
Puissant réconfort des malades
Et remède des bien portants ;

Frivole muse des poètes,
Verve suprême des vieillards,
Tu fais pépier dans leurs têtes
De petits oiseaux babillards ;

Tu rends la femme moins farouche
Vin de tendresse et de gaîté,
Et tu mets au coin de sa bouche
Une lueur de volupté.

Quant à moi, je t’aime avec rage
Ô mon doux soleil automnal,
Couleur de force et de courage
Chaud tout ensemble et virginal.

Que de fois les soucis, les fièvres,
Les chagrins, les pensers mauvais
Ont fui de moi comme des lièvres
À l’instant que je te buvais.

N’es-tu pas la belle semence
Qui toujours lève ? Est-ce pas toi
Par qui la rose de clémence
S’épanouit au cœur d’un roi ?